Refugié 613
Informer | Connecter| Inspirer
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“C’est la communauté qui a créé Réfugié 613.”
Comme beaucoup de grandes villes au Canada, Ottawa partait avec des bases solides en termes de services et d’expertise, dont beaucoup remontent aux services aux réfugiés vietnamiens au début des années 1980. Financé par les gouvernements fédéral et provinciaux, le secteur local de l’installation offrait des douzaines de programmes et de services pour les immigrants et les réfugiés par l’intermédiaire de plus de 10 organismes, parmi lesquels le Centre catholique pour immigrants, Ottawa Community Immigrant Services Organization (OCISO), Jewish Family Services, l’Agence libanaise et arabe des services sociaux, les Services pour femmes immigrantes d’Ottawa et le Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC). Les centres de santé et de ressources communautaires, les banques d’alimentation, les commissions scolaires et le gouvernement municipal avaient tous de l’expérience en matière de services aux nouveaux arrivants. Le Partenariat local pour l’immigration d’Ottawa (PLIO) a aidé à réunir les intervenants, encourageant la collaboration pour combler les lacunes dans les services.
Néanmoins, ces premières semaines de septembre 2015, l’intérêt public pour l’aide aux Syriens a pris une telle ampleur qu’il est rapidement devenu ingérable. Dans les organisations, le téléphone ne cessait de sonner – particuliers, politiciens, journalistes, organisations : tout le monde avait des questions ou souhaitait offrir une aide. Où pouvons-nous faire des dons et quels sont les besoins? Comment puis-je faire du bénévolat? Qu’est-ce que le parrainage privé et comment pouvons-nous parrainer? Quels services sont offerts pour les nouveaux arrivants et comment pouvons-nous les trouver? Comment faire pour que notre école/équipe/bureau participe à l’accueil?
Très vite, les professionnels ont passé leur temps précieux à répondre au besoin d’information sur des réfugiés qui n’étaient pas encore arrivés au lieu de répondre aux besoins de leurs clients qui étaient déjà là.
Les gens ont commencé à chercher des façons de mettre un peu d’ordre dans ce chaos. Tous les nombreux appels téléphoniques et courriels qu’échangeaient les experts et les organisateurs avaient le même objectif : faisons en sorte que nos efforts collectifs soient plus grand que la somme de nos efforts individuels, accueillons le plus grand nombre de réfugiés possible et de notre mieux.
On pouvait voir la communauté se construire sous nos yeux.
Quelques jours à peine après que la photo d’Alan Kurdi ait éveillé l’intérêt public, un groupe communautaire a pris forme au fil de conversations entre Jack McCarthy, alors directeur général du Centre de santé communautaire Somerset Ouest; Carl Nicholson, directeur général du Centre catholique pour immigrants; Leslie Emory, directrice générale de l’organisme d’installation OCISO et Louisa Taylor, ancienne journaliste ayant couvert l’immigration et les réfugiés. Ils ont rapidement rassemblé des chefs de file du parrainage privé, du bénévolat, des groupes confessionnels et de l’appui au logement pour former un groupe de travail.
« Ce que nous avons entendu autour de cette table, c’est que notre communauté ferait plus et mieux et que ce serait plus facile pour tout le monde, si nous avions un pôle ou une plateforme d’information pour aider les fournisseurs de services en première ligne à parler au public et entre eux, pour favoriser la collaboration, dit Leslie. Alors nous avons conçu un modèle qui ferait trois choses : informer, connecter et inspirer d’autres actions. »
Le groupe a travaillé à une allure folle, élaborant une vision, une structure de gouvernance, un logo et un site web et décidant d’un nom en moins de trois semaines. Tout au long de leurs efforts, ils ont consulté les leaders politiques locaux, créant ainsi dès le départ des partenariats solides avec le Maire Jim Watson et le député Yasir Naqvi.
« Nous avons demandé au maire de cautionner nos efforts, ce qu’il a fait avec beaucoup d’enthousiasme, et Yasir Naqvi nous a énormément aidé en coulisses, dit Louisa. C’est la communauté qui a créé Réfugié 613 et nous étions fiers que nos dirigeants politiques prennent les devants et déclarent ‘Notre ville accueille les réfugiés à bras ouverts’ ».
Le Maire Watson s’est arrangé pour que le lancement public de Réfugié 613 se fasse à son forum sur les réfugiés du 1er octobre 2015 auquel participaient plus de 1000 personnes. Du jour au lendemain, Réfugié 613 est devenu la ressource pour le grand public, recevant chaque jour des centaines d’appels et de courriels, mettant les gens en contact avec des ressources et organisant des groupes de travail pour aider à coordonner les activités. À l’époque, le projet était encore mené principalement par des bénévoles, des douzaines d’employés des secteurs de l’installation, de la santé et du bénévolat mettant de côté leurs responsabilités habituelles pour se jeter dans l’action et accueillir les Syriens. Des organisations et la municipalité ont également apporté une aide en nature pour aider à organiser les bénévoles et faire tomber des obstacles.
Il est rapidement devenu clair que Réfugié 613 avait besoin de personnel à plein temps pour répondre à la demande. La Fondation communautaire d’Ottawa a trouvé un donateur anonyme qui a apporté un financement de démarrage et Yasir Naqvi a aidé à obtenir le financement de soutien du gouvernement de l’Ontario. Fin novembre, Louisa est devenue directrice du projet et a embauché une coordinatrice de projet. Pendant la majeure partie de la première année, Réfugié 613 était une équipe de seulement deux employées à temps plein qui tiraient parti des talents et du temps d’une armée d’alliés. Leur slogan est devenu : Nous ne fournissons pas de services de première ligne, nous soutenons ceux qui les fournissent.
Les premiers réfugiés syriens sont arrivés au compte-gouttes fin décembre. En janvier, ils en arrivait plus de 100 chaque semaine, un rythme trépidant qui s’est maintenu jusqu’à la fin mars. Des représentants de partenaires de toute la ville venaient aux réunions du Comité d’intervenants organisées régulièrement par Réfugié 613 pour partager les dernières nouvelles, collaborer et combler les lacunes. En collaboration avec des groupes locaux militant pour le parrainage privé et la Coalition in Ottawa for Refugees, Le personnel de projet organisait des ateliers de formation qui ont eu beaucoup de succès pour les centaines de nouveaux groupes de parrainage qui se formaient. Jack McCarthy, du Centre de santé communautaire Somerset Ouest, dirigeait le Groupe de travail sur la santé de Réfugié 613, réunissant des organisations d’installation, des centres de santé, des hôpitaux, les services paramédicaux et Santé publique Ottawa pour planifier les services médicaux de la communauté. En collaboration avec le Centre catholique pour immigrants, ils ont veillé à ce que les réfugiés pris en charge par le gouvernement reçoivent des soins médicaux dans leur centre d’accueil temporaire et soient mis en contact avec des médecins de famille le plus rapidement possible. Mettant à profit son expérience journalistique, Louisa est souvent intervenue dans les médias locaux, expliquant ce qui se passait, ce que l’on savait et ne savait pas, libérant ainsi les spécialistes de l’installation pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs clients.
« À partir de ce moment de septembre, pendant les huit mois qui ont suivi, la vitesse à laquelle les choses ont bougé a été absolument incroyable, dit Louisa. Toutes les portes étaient grandes ouvertes et, tous les jours, il y avait des échanges et des connexions formidables. On pouvait voir la communauté se construire sous nos yeux. »
« Les Syriens nous ont réunis mais nous ne nous sommes jamais occupés que des Syriens – Réfugié 613 a toujours aidé des réfugiés de tous les pays, qu’ils soient réinstallés ou arrivés ici comme demandeurs d’asile, dit Louisa. Il y a dans notre communauté toutes sortes de gens qui se connaissent entre eux et savent où aller pour obtenir de l’aide, grâce à cet immense effort. »
Réfugié 613 compte continuer pendant encore deux ans au moins son travail pour informer, connecter et inspirer la communauté d’Ottawa
« Quelqu’un m’a dit un jour que déclencher la compassion renforce les communautés, ajoute Jack. Ce que fait Réfugié 613, c’est donner un exutoire à cette compassion, pour que les gens contribuent à notre communauté et la rende meilleure. »