la famille Hussein Riyad avec Abdulkadar, Navda et Lava
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Riyad Hussein et sa famille sont arrivés à Ottawa en février 2016. Après avoir fui la Syrie, ils ont vécu quatre ans en Turquie jusqu’à ce qu’un journaliste découvre leur histoire et les aide à faire une demande pour venir au Canada en passant par le programme de réinstallation des Nations Unies.
Avant la guerre, Riyad et sa femme, Nessrin Ahmood, vivaient dans la ville de Qamishli, dans le Nord de la Syrie, avec leurs enfants Abdulkadar et Navda, tous deux handicapés.
« Je travaillais dans l’agriculture l’été et, l’hiver, j’avais un magasin où je vendais du poisson, raconte Riyad. Quand la guerre a commencé, je n’ai plus pu trouver de médicaments pour mes enfants. »
« Nous nous sommes enfuis en Turquie par un trou dans une clôture. Nous avons eu peur jusqu’à notre arrivée en Turquie – Notre fuite a duré trois jours », dit Riyad. La famille a fait le voyage avec l’aide de passeurs à qui ils ont dû donner beaucoup d’argent.
En Turquie, Riyad a eu du mal à trouver un logement et un emploi, mais ils se sont débrouillés. « Il n’y avait aucune organisation pour s’occuper de nous mais, avec le gouvernement turc, ça allait pour les docteurs et les médicaments », dit-il.
Ne voyant pas d’avenir pour sa famille en Turquie, Riyad a fait une demande de visa pour l’Allemagne. « J’ai payé 4000 lires turques pour le visa », dit-il, l’équivalent de ce que la famille dépensait pour vivre pendant plusieurs mois. « La demande a été rejetée et nous avons perdu l’argent. »
Par la suite, Riyad a rencontré à Mardin, en Turquie, un journaliste qui est allé raconter à un fonctionnaire local l’histoire de la famille Hussein.
« Ils nous ont inscrits avec les Nations Unies et nous avons été approuvés pour venir au Canada, dit Riyad. Depuis notre arrivée, nos enfants se portent beaucoup mieux qu’avant. Nous recevons des soins médicaux, une aide financière et tout ce dont nous avons besoin, Dieu merci. »
La famille Hussein a commencé sa vie à Ottawa à la Maison Sophia, que beaucoup de gens connaissent sous son ancien nom, Reception House. « Depuis que nous sommes arrivés ici, tout nous paraît étrange, rien n’est familier, dit Riyad. Mais le bon accueil du gouvernement canadien et des Canadiens… c’était tout simplement un accueil chaleureux. J’ai été surpris. Tout le monde était serviable et essayait d’aider. »
Quand nous sommes venus au Canada, il n’y avait pas de différence entre les gens. Peu importe si vous êtes kurde ou syrien ou si vous venez de Chine ou de n’importe quel autre pays du monde. Tout le monde est égal. J’espère que nous pourrons nous installer ici et que je pourrai passer le reste de ma vie au Canada.
Peu de temps après leur arrivée, Nessrin a donné naissance à leur troisième enfant, une fille prénommée Lava. Abdulkadar et Navda vont maintenant à l’école, pour la première fois de leur vie. « Abdulkadar n’a été à l’école que pendant deux mois en Syrie, jusqu’à ce qu’il ait une crise d’épilepsie et soit emmené à l’hôpital. Après cela, il n’a plus eu le droit d’aller à l’école », explique Riyad. Le système scolaire en Syrie n’était pas équipé pour travailler avec des enfants handicapés. « Ici, au Canada, les enfants aiment beaucoup les activités à l’école, surtout la natation et les jeux à l’extérieur. Ils aiment tellement l’école qu’ils n’apprécient pas les jours de congé », ajoute Riyad. Lui et Nessrin prennent des cours d’anglais.
Au moment de l’entrevue, il y avait d’importantes inondations dans la région d’Ottawa. Beaucoup de maisons étaient dans l’eau et la population locale donnait un coup de main et aidait à remplir des sacs de sable, y compris de nombreux nouveaux arrivants de Syrie. Riyad était du nombre. « J’essaye de dire oui à tous les appels que je reçois pour faire du bénévolat, dit-il. J’ai vu beaucoup de situations difficiles quand j’étais en Turquie et, souvent, je ne pouvais rien faire pour aider. Alors maintenant, chaque fois que je peux aider, je n’hésite pas. » Riyad est aussi bénévole au centre communautaire chinois où il aide à promouvoir les activités et les ateliers pour les nouveaux arrivants au Canada.
Comme beaucoup de réfugiés, quel que soit leur pays d’origine, Riyad souffre d’être séparé de ses proches. L’un de ses frères, Mohammad, a aussi fait une demande pour venir au Canada avec sa femme et leurs deux enfants. Les deux familles devaient faire le voyage ensemble mais Mohammad et les siens ont été retenus à cause de complications administrative. Après plus d’un an d’attente, Riyad est très excité car son frère devrait arriver fin juin. « Je n’arrive pas encore à y croire, dit-il. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti quand j’ai appris la nouvelle. » Riyad s’active depuis pour préparer l’arrivée de la famille. « Je les aiderai à s’installer dans leur nouveau foyer, je les emmènerai s’inscrire à des ateliers et je leur ferai juste découvrir la ville. »
« Nous avons des origines Kurdes, ce qui veut dire que le gouvernement ne nous traitait pas bien, en Syrie comme en Turquie, dit Riyad. Quand nous sommes venus au Canada, il n’y avait pas de différence entre les gens. Peu importe si vous êtes kurde ou syrien ou si vous venez de Chine ou de n’importe quel autre pays du monde. Tout le monde est égal. J’espère que nous pourrons nous installer ici et que je pourrai passer le reste de ma vie au Canada. »